Mais qu’est-ce qui pousse donc Pascal Boniface à écrire des livres qui lui vaudront une déferlante de coups, d’injures et même de coups-bas ? Ce fut le cas avec son livre sur le fait de savoir s’il était possible de critiquer Israël ; puis avec celui sur les « Intellectuels faussaires » ; et puis, encore et toujours, avec son dernier ouvrage où il mettait en garde contre l’importation du « conflit israélo-palestinien » en France.
Un déluge d’insanités s’est abattu sur lui pour avoir osé dire des choses dérangeantes, mettant à mal la « bonne pensée » qu’on s’évertue à vouloir nous inculquer, coûte que coûte, tandis que lui n’hésite pas à aborder frontalement des chouchous des médias qui débitent pourtant à longueur d’antenne des contre-vérités évidentes ou des obsessions maladives, des grilles de lecture du monde parfaitement inopérantes ou plus exactement : dangereuses.
Qu’est-ce qui le pousse à reprendre la plume pour, de nouveau, mettre les pieds dans le plat sachant, je pense, qu’il subira de nouveaux assauts ignobles d’adversaires qui n’hésitent devant rien pour le faire taire et le disqualifier, sans compter cette volonté qui est la leur d’attaquer le cœur vital de l’Institut qu’il dirige, l’IRIS, pourtant classé parmi les meilleurs au monde ? Il n’y a pas d’autre mot que celui « d’adversaires » car ce ne sont pas en effet des contradicteurs : tous se dérobent à l’idée de l’affronter face à face.
Naturellement ses livres, fort heureusement, lui ont valu l’estime, le respect et la reconnaissance de beaucoup plus de personnes que le nombre de ses détracteurs. Les « élites » n’ont que mépris pour le peuple et ils n’arrivent pas à comprendre que celui-ci n’est pas si bête qu’ils le pensent. En fait ils ne le connaissent, ils ne le rencontrent pas. C’est ainsi « Chez ces gens-là, M’sieur ».
Mais ces très nombreuses personnes qui apprécient ses écrits ont une caractéristique différente des premiers : elles n’ont pas pignon sur rue ni accès aux médias.
Alors qu’est-ce qui pousse Pascal Boniface à replonger sa plume dans l’encrier de la vie au point qu’elle devienne un scalpel ? D’autant que ses prises de positions sur le Proche-Orient lui valent des inimitiés, pour ne pas dire plus.
Je pense tout simplement qu’il est fait come cela Boniface. Il ne croit pas, du moins j’imagine, qu’une vie puisse être une vie si elle est remplie de mensonges, de combats vitaux devant lesquels on se dérobe ; si elle est truffée de facilités diverses et de courbettes devant le bien-pensant ; si elle n’est pas, avant toute chose, guidée par la liberté. « Je ne dis pas tout ce que je pense mais je pense tout ce que je dis », nous prévient-il. Liberté de l’universitaire dont il se régale et dont il use. Sans s’user...
Il dérange d’aucuns et il le sait bien : « Je ne répète pas comme un perroquet certains slogans sur le monde occidental démocratiques en danger face aux barbares », souligne-t-il. Mais c’est bien plus que cela : il alerte sur les dérives de notre société et les dangers qu’elle encoure et qui la mine.
Ce n’est pas uniquement un positionnement éthique, qui l’honore, qui le pousse à dire et à écrire malgré les avis de tempêtes annoncées. C’est aussi un observateur avisé et un analyste documenté qui nous dit de voir plus haut que l’horizon immédiat, d’aller voir derrière les choses, de fouiner, qui nous invite à mettre les éléments en perspective. Et puisque les derniers ouvrages qu’il a publiés lui donnent raison, sur le fond des choses, alors il continue.
C’est un laboureur du réalisme et donc un semeur d’espoir, si l’on prête toute l’attention nécessaire à ses analyses. Encore faut-il trouver son livre puisque les maisons d’éditions connues se dérobent les unes après les autres pour le publier. On passera donc commande à son libraire, c’est le plus sûr, et c’est mieux qu’Amazon !
C’est bien de cette veine-là qu’est fait son dernier livre, un livre dont il a emprunté le titre à notre ami Dominique Vidal, « Les pompiers pyromanes ». Ce nouveau livre décrit et démonte un danger majeur qui atteint et ronge notre société – un « acide » écrit-il –, un danger alimenté délibérément par quelques sphères et individus médiatiquement présents malgré leurs mensonges et tropismes avérés.
Ce danger, c’est celui qui consiste à vouloir diviser la société française selon des normes purement et simplement racistes, celui consistant non seulement à vouloir opposer des « communautés » entre elles mais à chercher à créer, jour après jour, les conditions de cet affrontement. Le pire qui soit : la lutte des « races »…. Un péril immense pour la France est démontré et démonté dans ce nouveau livre de Pascal Boniface.
Ce nouveau livre « n’est pas à proprement parler une suite au livre « Les Intellectuels faussaires ». I n’est pas nécessaire de l’avoir lu pour entamer celui-ci, mais peut-être la lecture de ce qui va suivre peut donner envie de revenir au précédent. En tout cas ces deux livres se complètent » écrit-il.
On y retrouvera quelques portraits, qu’il a mis à jour, de ces « célébrités » du mensonge, de ces partisans, conscients ou non, de cet affrontement : BHL, Frédéric Encel, Caroline Fourest. Mais d’autres personnages sulfureux entrent dans son « Robert » des pyromanes : Alain Soral, l’iman Chalghoumi, Frédéric Haziza. Vous ne serez pas déçus du voyage, comme on dit, à lire ce qu’il dit d’eux, ce qu’il a déniché sur eux. Les bras m’en sont littéralement tombés...
Mais parlant d’eux, son propos et sa démarche sont présentés sous un autre angle que celui observé et choisi dans les « Intellectuels faussaires ». Il démontre dans ce livre comment ils participent tous à créer, les uns et les autres, cette dialectique diabolique qui consiste à jeter les communautés les unes contre les autres. Une diagonale du fou…
Je ne veux pas effleurer ses propos et vous priver de la lecture de ce livre en vous en citant trop de passages. Je resterai donc sur un élément qui éclaire, à mon sens, l’esprit de tout ce livre : « L’enjeu majeur est de s’interroger sur l’impact des écrits et déclarations sur la société française des faussaires pyromanes. Ils affirment vouloir lutter contre le racisme, mais ils mettent de l’huile sur le feu, en ne mettant pas sur un pied d’égalité toutes les formes de lutte contre le racisme. On ne combattra l’antisémitisme que si on lutte avec la même vigueur contre l’islamophobie ; on ne combattra l’islamophobie que si on combat avec la même ardeur l’antisémitisme. C’est le sentiment de « deux poids, deux mesures » qui agit comme un acide sur la société française. » Un acide… vous avez bien lu.
Pascal Boniface est un amateur – un admirateur plutôt – de Léo Ferré. Chaque chapitre, ou presque, de son livre est initié par des « vers-paroles » du grand Léo. C’est donc avec plaisir que, pour cette « critique » de son livre (qui n’en est pas une) je lui dédie ces mots du poète disparu : « Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s’ils ont leur compte de pieds ne sont pas des poètes : ce sont des dactylographes. »
Ce n’est pas le cas de Pascal Boniface à l’évidence. Consommez son nouveau livre. Sans modération…
Jean-Claude Lefort
Député honoraire
« Les pompiers pyromanes – Ces experts qui alimentent l’antisémitisme et l’islamophobie ». Editions Max Milo. 18,90 euros.